C’est les 21 et 22 septembre dernier qu’avaient lieu les Championnats du monde Spartan au mont Killington au Vermont. Des milliers de spectateurs se sont massés aux abords du parcours lors de ces deux jours afin d’encourager les quelque 6 500 participants en provenance de 16 pays. Ces courageux ont affronté plus de 40 obstacles infernaux sur un parcours technique de plus de 23 km en montagne pour cette « Spartan Beast ». Mentionnons que le sommet du mont Killington, le deuxième plus haut du Vermont, culmine à 1 293 mètres et qu’il a une dénivellation de 930 mètres.
« Nous continuons à pousser nos athlètes au bout de leurs limites avec nos courses », mentionnait le fondateur de Spartan Joe Desena. « C’est assurément la course la plus difficile que nous ayons conçue à ce jour. Nous avons déjà hâte de vous montrer ce que nous préparons pour 2014 ».
Éric, notre collaborateur chez 3-seconds, se préparait pour cette course depuis le 15 juillet dernier. Âgé de 38 ans, il nous confie que c’est lors de ce qu’il qualifie d’un moment de folie, qu’il a décidé de s’inscrire à cette course. « En fait, je venais de compléter l’épreuve de la « Super Spartan » (15 km) au Mont-Tremblant quelques jours auparavant. Je souhaitais tester davantage mon guerrier intérieur et tenter d’obtenir mon Trifecta » (Spartan remet cette distinction lorsqu’un athlète complète les trois courses « sprint-5km + », « super-13km +» et « Beast 21km + » dans une année civile). « Au moment de m’inscrire, je ne savais pas que la « Beast » du Vermont était l’épreuve des Championnats mondiaux. C’est en recevant un courriel de l’organisation quelques semaines plus tard que j’ai compris dans quel bateau je m’étais embarqué! » Ajoute-t-il en riant.
Éric a couru le dimanche, sous la pluie et sous une température de moins de 10 degrés Celsius. Il a complété l’épreuve extrême en 8 h 43 alors que le temps moyen de cette journée a été de 8 h 22. « Je ne suis pas un athlète de haut niveau. Je m’entraîne en salle et je pratique les arts martiaux depuis longtemps, mais j’ai commencé à courir à l’été 2013. Mon but était de terminer la course. » Mentionnons d’ailleurs que des quelque 6 500 athlètes qui auraient pris part au départ lors des deux jours de compétition, seulement 4 451 ont terminé la course. C’est moins de 70 % des participants qui ont « dompté » la bête.
« La préparation mentale est primordiale pour terminer ce genre d’épreuve. Pour ma part, je vous dirais que c’est 80 % mental et 20 % physique. On ne sait jamais ce qui nous attend pendant une Spartan. À Killington, il y a eu la pluie et le froid, mais aussi trois traversées à la nage, des murs de 12 pieds à franchir sans aucune prise à escalader, des cordes à grimper, des parcours interminables dans les roches et la boue sous barbelés, des bassins d’eau glacée, des poids de 65 lb à transporter sur des centaines de mètres et bien plus. Et c’est sans compter que des 23 km à franchir, 10,2 km se sont faits en ascension et autant en descente. »
« J’ai vu des athlètes abandonner qui étaient en bien meilleure forme physique que moi (mentionnons un double champion du marathon de NY). Outre les possibilités d’hypothermie, de crampes musculaires, de blessures et de déshydratation, je ne sais pas ce qui a poussé ces coureurs à l’abandon. Probablement que certains étaient découragés en raison des nombreux « burpees », devant la quatrième ascension du mont Killington ou simplement mal préparés. J’ai respecté mes limites, j’ai géré ma course et mes réserves d’énergie. La détermination, le courage et la persévérance ont fait la différence. Principalement dans les deux dernières heures, lors de ma quatrième ascension de la montagne, où j’ai refusé de me laisser battre par la bête. »
« Un de mes collègues de travail qui a plusieurs marathons à son actif m’a énormément aidé dans ma préparation mentale. Je dois aussi mentionner que ma précieuse conjointe a contribué à gérer mon anxiété d’avant course et m’a beaucoup encouragé lors de l’épreuve. Elle a fait une différence ».
La saison de course est terminée pour Éric en 2013. En 2014, il souhaite entrainer d’autres athlètes dans son sillon et transmettre sa passion. Il a mis en place un club de course à l’école de karaté où il s’entraine et plusieurs de ses amis participeront à des courses à obstacles l’an prochain. « Si j’ai terminé cette course, tout le monde peut y arriver. Il y a un seul secret : l’entraînement à haute dose et la préparation! Il faut s’entraîner fort, visualiser, se préparer en pensant au moindre détail et toujours faire de son mieux ». Éric écrira prochainement un article sur sa préparation et son entrainement. Bref, ce qu’il a fait à l’été 2013 pour se préparer à dompter la bête.
« Lors de cette course, j’ai tout donné. J’ai puisé au fond de moi pour la compléter, mais lorsqu’on termine une telle épreuve, plus rien ne peut nous arrêter. Peut-être irai-je affronter de nouveau la bête en 2014… Seriez-vous prêt à m’accompagner? »