Journée pluvieuse d’août, ni chaud, ni froid, juste un climat maussade.
Alors que j’effectue des lancers de ballons au mur (wallball), j’entends mon ami et arbitre, Sylvain, nous crier qu’on doit tout donner, montrer l’exemple aux autres catégories. Nous sommes “experts”, nous sommes les élites. C’est la finale Blackout Race (maintenant RX1 Nation) et j’ai l’impression d’avoir tiré de la patte aux 3 précédentes courses. C’était ma 2e année expert, après avoir débuté en catégorie “Intermédiaire” sur le circuit.
Je l’ai bien dit, c’est la finale, et les organisateurs ont décidé d’augmenter le niveau, la difficulté de la course… qui dit difficulté dit charges plus lourdes, transports et déplacements plus longs. Je ne suis pas prêt pour ça. Je n’ai pas planifié mes entraînements en conséquence, mais ça me donne un défi et je veux le relever. Les deux dernières stations de la course se font en superset. La majorité des coureurs arrivent aux dernières stations après plus de 50 minutes d’effort. RX1 c’est comme un entraînement dans lequel tu dois terminer avant tes adversaires. La catégorie expert se veut d’un niveau avancé, même pour les adeptes de crossfit, ces charges qui leur semblent légères à l’habitude, deviennent lourdes dans le contexte de cette course. Ces deux dernières stations, dites-vous bien, elles sont tout près de l’arrivée mais elles peuvent paraître une éternité. Wallball en superset avec du skipping Fat Rope. Push-Jerk en superset avec la tire de la hose de pompier. C’est vraiment bien pensé: un exercice qui travaille principalement le bas du corps combiné avec du cardio. Pour terminer: un exercice qui vient chercher le haut du corps, avec encore une fois, un exercice un peu plus cardio. Le coureur s’essouffle, s’affaiblit avant de reprendre des répétitions visant des groupes musculaires spécifiques.
Ce jour-là, mon orgueil m’a permis de me surpasser et d’oublier la douleur.
Ce jour-là, j’ai tenté de suivre ceux qui étaient mieux préparés que moi et ça m’a vidé.
Ce jour-là, j’ai réalisé que je n’oriente pas mes entraînements pour compétitionner avec les experts de ce type de course.
Ce jour-là, j’ai failli me blesser.
Ce jour-là, j’ai failli abandonner.
Ce jour-là, j’ai été déclassé.
Ce jour-là, j’ai terminé la course malgré tout.
Ça vous est sûrement arrivé de vous sentir abattu, pas assez fort pour la compétition. On se relève, on recommence et on fait de notre mieux. Des options s’offrent à nous : on peut diminuer nos attentes dans le futur. On peut aussi se retrousser les manches et travailler fort pour revenir plus fort la prochaine fois.
En début de saison j’avais hésité à courir expert. Quelque chose en moi le savait. Mais, comme la première course avait pas été si mal, j’ai continué. Je ne me vois pas reculer devant un défi. Je carbure aux défis et j’aime ça! Mais la dernière course a eu un effet de clou dans le cercueil. François, tu ne t’es pas entraîné de façon à traverser ces épreuves correctement, que je dois réaliser. Probablement qu’inconsciemment je préfère focuser sur l’aspect course, bien que j’aime les RX1.
Vous savez quoi? J’ai réalisé ce jour-là qu’il y a rien de mal à compétitionner un niveau plus bas. Loin de moi est l’idée de m’avouer vaincu. Mais, dans la vie, il y a rien de mal à changer d’idée. Il y a rien de mal de s’avouer à soi-même qu’on n’est pas rendu à un certain niveau, s’avouer surclassé par rapport aux experts. La même notion peut s’appliquer dans d’autres domaines, ou dans d’autres courses telles que les Spartan. On peut courir Élite, Compétitif (Age Group) ou Open. Je ne vois rien de mal à courir dans la catégorie compétitive maintenant. Ma version précédente de moi-même aurait été “Élite” à tout prix. Il y a aussi la vision d’autres compétiteurs qui est de toujours y aller pour le niveau le plus difficile à nos yeux. J’ai parfois cette vision, mais elle peut avoir un prix… on peut se blesser si on tente de repousser trop loin nos limites. Posez-vous toujours la question: est-ce que je veux simplement participer à une compétition pour me tester? Est-ce que je veux participer à cette compétition afin d’avoir du plaisir entre amis? Est-ce que je veux courir pour gagner?
Sommes toutes, je crois que trouver un juste milieu, un niveau qui va nous défier, pas trop difficile, mais assez pour qu’il y ait un léger doute qu’on parviendra à le surmonter sans embûche me semble un bon compromis. Ceci dit, c’est ma vision et que je crois qu’elle s’est assagie avec les années. Ça ne m’empêche nullement de m’entraîner afin d’éventuellement atteindre de nouveaux sommets. Je dévie parfois de mon plan pour me lancer des défis assez difficiles, mais, maintenant, lorsqu’il s’agit d’une compétition, je tente de viser un niveau que je juge réalisable sans prendre le chemin le plus facile.