Pour ceux qui me connaissent en dehors des courses ou depuis peu, mes collègues de travail par exemple, je suis une coureuse née. L’équation est assez simple : je cours, donc je suis une coureuse et pour eux, je l’ai toujours été. Si c’était si facile… J’ai dû apprendre à aimer la course et je l’ai appris à la dure!
Mars 2012 – Mon chum a une bulle au cerveau et décide de nous inscrire tous les deux à l’épreuve du 10km du défunt Marathon des deux rives. Nous n’avons jamais couru ni l’un ni l’autre. Lui a un certain background sportif, moi ZÉRO. Pour tout dire, je n’ai même pas d’espadrilles à la maison! Et me voilà inscrite à une course officielle.
Ne reculant devant rien, j’imprime le calendrier d’entraînement proposé par l’organisation, je m’achète des espadrilles et j’entame ce qui allait être les cinq mois les plus pénibles de ma vie de coureuse.
Première sortie. Mal chaussée, pas habillée convenablement et partie beaucoup trop rapidement, je reviens chez moi après tout juste un kilomètre en maugréant contre ce sport que j’ai détesté en moins de trois minutes. Je ne comprends absolument pas comment des êtres humains peuvent trouver du plaisir à faire ça et encore moins comment ils peuvent le faire pendant des heures. Malgré la courte distance parcourue, mon corps tout entier me faisait souffrir. Mal aux chevilles, mal aux genoux et ampoules aux pieds, je ne voyais pas comment j’allais pouvoir y retourner trois fois dans la prochaine semaine.
Mais bon, j’étais inscrite à cette damnée course et je me devais de suivre le plan d’entraînement si je souhaitais survivre à ce 10km. Pour être honnête, je n’étais pas certaine à 100% que j’allais y arriver. Chaque sortie était une tâche pénible pour moi. AUCUN plaisir! Je rêvais au jour J la nuit. Je me voyais, dernière du peloton, suivie par le camion qui ramasse les cônes délimitant le trajet. Je voyais les bénévoles aux ravitos qui m’attendait avec un seul verre d’eau, sachant que j’étais la dernière sur le parcours. Quand tu n’as pas tellement confiance en toi… Mon Dieu que je détestais la course!
J’avais si hâte que le 26 août 2012 soit derrière moi. Je me promettais de jeter mes espadrilles, de faire une croix sur la course et de passer à autre chose. Let’s face it, ce sport n’était pas pour moi. À moins que ce soit moi qui n’était pas pour ce sport… Qui sait?
Enfin le grand jour. J’arrive un peu désorientée dans ce brouhaha qu’est un matin de marathon. Tout le monde semble savoir exactement où aller, où laisser leur sac, où prendre la navette qui nous mènera au départ de la course, quoi manger, quoi boire. Pas moi. Je suis la foule en essayant de profiter de chaque moment tout en me disant que c’est la première et la dernière fois que je le vis. Heureusement que j’avais mon chum avec moi, question de me sentir un peu moins perdue dans tout ça. Il était mon seul repère.
Tout se passe très vite ce matin-là et en moins de temps qu’il n’en faut pour vous l’écrire, le coup d’envoi était donné et j’étais partie pour mon 10km de course. La grandeur de l’évènement, l’engouement des autres coureurs, les spectateurs qui nous encouragent en si grand nombre… J’ai peine à y croire, mais je suis sous le charme. 10km quand tu es entourée de centaines d’autres coureurs (parce non, je n’étais pas la dernière!), ça passe beaucoup plus vite que seule dans mon quartier. Je n’irais pas jusqu’à dire que ça a été facile, mais ça a été assurément ma sortie de course la plus agréable de ma courte carrière de coureuse.
Mais la magie, le coup de foudre, la révélation, je les ai eus au fil d’arrivée. Encore aujourd’hui, j’ai de la difficulté à mettre des mots sur le feeling de ce moment précis où on m’a passé une médaille autour du cou. Un mélange d’accomplissement, de réussite et de fierté. Ça m’importait peu de savoir où je me situais dans le classement. J’avais terminé cette course sur mes deux pattes et avec le sourire par-dessus le marché!
Mes cinq mois d’entraînement à détester la course n’existaient plus pour moi. En 1h07, j’avais oublié les souffrances de ces derniers mois, comme si elles n’avaient jamais existé. J’aimais soudainement la course. Je pense que c’est à cet instant précis que je suis devenue « une coureuse ». Heureusement que j’étais inscrire à cette course avant de commencer à courir parce que j’aurais sans aucun doute abandonné bien avant.
C’est avec encore le dossard épinglé sur la camisole et la médaille au cou que j’ai pris la décision d’attaquer le demi-marathon l’année suivante. Sachant beaucoup mieux dans quoi je m’embarquais, je me suis procurée la bonne paire de chaussures, des vêtements techniques adaptés et une montre qui allait m’accompagner dans chacune de mes sorties. La coureuse est née ce 26 août 2012.
Depuis cette date, j’ai couru près d’une centaine de courses, sur route, en trail ou à obstacles. Aujourd’hui, je sais courir et je peux crier haut et fort que j’aime courir!
Je pense que je sais maintenant d’où vient l’expression « donner la chance au coureur »
Jennifer Lafond, Ambassadrice Beachbody
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