Étant passionnée de course à pied, j’essaie de suivre tout ce qui se passe en lien avec la course sur route près de chez moi. Ma belle région qu’est la Montérégie est un terreau fertile en compétitions de tout genre, mais les courses hivernales sont une denrée plutôt rare. En ce début février, je manquais de défi. En parcourant différentes pages de course sur Facebook, je tombe sur une proposition qui attire mon œil. L’association pulmonaire du Québec organisait une course de 5 km dans les souterrains de Montréal. Courir dans un contexte différent pour une bonne cause, pourquoi pas!
C’est avec un -24 degrés ressenti que je monte dans ma voiture en direction du Complexe Desjardins (lieu de départ de la course). Dans le stationnement souterrain, j’enlève ma tuque, mon manteau, mes bottes et j’enfile mes vêtements dignes d’une course en plein été. On va se le dire, ça fait du bien!
Je sais qu’on ne se connait pas beaucoup encore, vous et moi, mais je vais vous révéler un petit secret. J’ai l’habitude de fréquenter le Complexe Desjardins une fois par année lors du cocktail d’avant gala des Gémeaux. — Ne me chercher pas dans votre écho vedette, je suis une travailleuse de l’ombre. — donc, être dans cet environnement, en vêtements de sport et non en robe de gala… ça avait quelque chose d’étrangement charmant.
Après une séance d’étirements et de réchauffement, on nous annonce que le départ approche. On nous rappelle de faire attention dans les escaliers. Il y a «beaucoup» de marches sur le parcours. Beaucoup? Genre combien? Mon questionnement intérieur n’a pas le temps de se matérialiser que le départ est donné.
Je cours à mon rythme habituel en regardant les gens un peu confus de nous voir courir dans un centre d’achat, en regardant l’architecture de tout genre qui défile… oups des marches! On en descend une bonne trentaine et là, mon cerveau vit un grand moment d’illumination. Toutes les marches que je descends avec fluidité et vigueur, je devrai les remonter… (Insérer ici un petit sacre de panique.) Mais j’avance, déterminée à bien performer. Je suis un petit groupe de coureurs qui semblent de mon niveau. On avance d’un bon rythme, les bénévoles de la course s’occupent de nous tenir les portes ouvertes sur notre chemin. La course va bon train. Oh, encore des marches! On traverse le complexe Desjardins, le Complexe Guy-Favreau, le Palais de Congrès, la place Victoria, la place Bonaventure (DES MARCHES!), le 1000 de la Gauchetière (UNE TRALLÉE DE MARCHES!!!), la Place du Canada et la gare Windsor. Petit demi-tour sur nous-mêmes, une fois arrivé aux portes du Centre Bell et hop on repart pour l’autre moitié du parcours. À mi-parcours, je me dis que j’ai mal compris le concept de course souterraine, puisque rien n’est jamais entièrement sous terre. Les choses sont compartimentées dans les édifices distincts. Nous passons donc notre temps à entrer et sortir de terre, donc à monter et descendre plusieurs étages au-dessus et en dessous de l’asphalte. Selon mes calculs (vraiment pas scientifiques), c’est environ 1000 marches que nous avons montées et descendues sur notre parcours. Comme je suis une coureuse ordinaire, j’alterne encore course et marche pour me permettre de récupérer et de reprendre la course. Dans cette course, je courrais pour récupérer entre les marches. Tout un défi!
Je franchis le fil d’arrivée après avoir tout donné sur les derniers 750 mètres. Je suis fière d’avoir encore une fois fini quelque chose qui a été une épreuve et un autre dépassement de soi. La gagnante chez les femmes a fait un temps de 27 minutes. Moi? 41. Je suis en milieu de peloton comme la coureuse ordinaire que je suis et c’est parfait ainsi!
Je m’assois tout près de la fontaine pour faire quelques étirements et je repense au parcours que je viens de faire. En ce samedi matin glacial, nous avons croisé le chemin de plusieurs dizaines d’itinérants qui venaient se réchauffer dans le coeur souterrain de la métropole. Plusieurs d’entre eux dormaient, mais un en particulier nous encourageait. Cette image paradoxale m’est restée en tête. L’année prochaine, pourquoi ne pas organiser une course dans le Montréal souterrain au profit de ses habitants les plus constants?
Je continue donc mon chemin vers mon premier 21 km, mais cette semaine sera plus difficile étant donné que je traîne des courbatures «violentes» aux mollets. Les marches auront eu raison de moi.
Si l’envie d’un nouveau défi vous tente et que vos mollets sont partants, le 18 février prochain aura lieu la course 5 km Classique Montréal Souterrain.
Les infos ici : www.facebook.com/events/1968191153395393/