Ça faisait 2 ans que je n’avais pas côtoyé la “bête” alors vous pouvez vous imaginer mon excitation! Mes distances favorites, une belle montagne, 2 courses “back to back” pour totaliser près de 40 km et 3100 m de dénivelé positif. La fin de semaine du Super-Beast nous attendait et handicapé ou pas, je ne voulais pas manquer ça!
“Je fais du sport pour vivre des expériences, pas pour regarder les autres vivre à ma place”
Beast Brothers
D’abord, il y a eu beaucoup de spéculations sur les réseaux sociaux à savoir qui faisait quoi comme courses… Pour Claude et moi, la question ne s’est jamais posée… 6 heures de route, trois pleins d’essence, 2 jours de camping (à la pluie dans le stationnement), on ne se donnera pas tout ce trouble pour être spectateurs. On est totalement capable alors on y va.
Dans mon cas, je misais évidemment plus sur le Beast en approchant la Super comme une préparation pour le lendemain. Au défi que “Platinum Rig” avait organisé vendredi (une structure comportant un parcours à franchir sans mettre les pieds au sol), les « tops » hommes étaient pour la plupart présents. Ce soir-là, quelques-uns d’entre nous (Ben, Jesse et moi) se sont regardés quand la question est venue et Ben a dit : “si Marco fait les deux courses, moi aussi”. Jesse et Charles ont donc décidé de faire pareil! Une belle démonstration de respect nous a mis sur un pied d’égalité quant au vrai test : la “Beast”.
Ce sera un moment fort dans ma carrière que de voir des gars, que je connais depuis seulement quelques mois, qui décident que si un allait à la guerre, tout le monde y allait pour souffrir ensemble!
Super 15km; 1550 m de dénivelé; 0 “burpees”; 1h52min; “2è” ; 500 ml « Infinit Nutrition »; 1 gel maison.
Dès le départ, j’ai décidé de me tester physiquement et surtout de voir comment j’allais courir avec une cheville aussi “grasse” (la chevillère me donne cette impression / entorse niveau 2 au 25 km Mega Trail 2 semaines plus tôt). Ça se passe bien et comme à mon habitude, je pousse le “pace” pour voir qui répond présent et qui ne répond pas! Après 5 km de pures montées / descentes, un gars nous passe en descendant comme un chevreuil suivi par un troupeau de loups et ce, dans la brousse, plein de rosiers!! Un nouveau qui arrive à la corde le premier (ça me rappelle ce qu’Hobie a dû ressentir à Killington en 2011 quand je lui ai fait le coup). Ben et moi avons senti le besoin de faire notre territoire et de montrer au nouveau comment monter une corde et les obstacles suivants pour repartir dans la montagne devant.
“Les obstacles sont plus souvent mentaux que réels. Si nous avons les outils et la patience pour les surmonter, rien ne peut nous arrêter”
Oh oh… crampes! En passant sous le premier barbelé, j’ai commencé à sentir un inconfort familier du côté de ma cheville fragile. Des petits chocs derrière le genou… une crampe qui s’annonce. Je ralentis le pas et consomme mes “gels maison” que Claude a préparés (femme parfaite). J’ai patienté 20 minutes à un “pace” lent avant de retrouver ma foulée. J’étais maintenant plus de 3 minutes derrière le “lead” mais complètement frais : cette escale m’a donné des jambes neuves. Je faisais “MA” course à ce point, il arrivera ce qui arrivera, mais je vais quand même me battre pour l’honneur. Après plus d’une heure à pousser seul, je vois Ben et Charles tout près; le podium est toujours possible! Je les rattrape et je les passe pour leur montrer que j’ai toujours de l’énergie pour finalement apercevoir Jesse : on se rejoint tous à la base d’un MONSTRE!!
L’obstacle “pour hommes seulement”
Une pente abrupte où on doit transporter 2 “Jerrycans” remplis d’eau de 25Kg chacun… WOW! Ça c’est un obstacle! On se serre les coudes et 3 des 4 passent à travers ensemble pendant de longues, très longues minutes à nous détruire les avant-bras et les épaules. La suite est beaucoup plus courte que je m’attendais. Une course dans la rivière où Ben me fait un sprint que je décide de ne pas suivre, par respect pour mes chevilles déjà maganées. Malheureusement, les 2 derniers obstacles et l’arrivée attendaient tout près alors c’était trop court pour la victoire, mais c’était serré : 20 secondes nous ont séparés! Le Beast va être solide!
Beast 23km;1632 m de dénivelé positif; 30 “burpees”; 2h38min; “1er”; 700 ml Infinit nutrition; 2 gels maison; 1 Honey Stinger.
Le Super était solide, très solide alors je ne m’attendais à rien de moins dimanche. Comme prévu, le premier 15km était plus ou moins le même que samedi sans les rosiers, framboisiers et plantes grimpantes qui nous embêtaient à la Super! Ça avance donc très bien, mais plusieurs des gars du “pack” de lead ont les jambes fraîches à l’exception de Ben, Jesse et Charles. Ça se sent que les gars sont fatigués, mais Jesse est le plus solide! Moi, je me sens plutôt bien, malgré la nuit moyenne à camper sous la pluie qu’on a passée. J’ai assez bien récupéré, mais la course sera difficile et longue. Je m’hydrate donc pour 3 heures.
“Ceux qui reconnaissent leur vraie compétition; eux-mêmes; seront victorieux”
Au km 12 ou 13, nous sommes plus que 3 à nous échanger le lead. Yan, une vraie chèvre de montagne, descend tout comme Killian Jornet! Mais Jesse et moi avons les jambes pour revenir dans les montées. Plusieurs “transports” rendent cette course intéressante parce que ça change complètement le rythme quand il faut faire de la brousse avec un sac de 50lbs sur le dos! À 17km, je me prends 2 débarques stupides, ma jambe droite ne répond pas rapidement. Je prends ce qui me reste de mon « Infinit » et du gel maison et j’essaie de penser à autre chose. Ça passe et à ce point, les « staffs » de Spartan Race se donnent le relais afin que nous restions dans le parcours! C’est de plus en plus facile, le sucre fait son travail et le parcours ne monte pratiquement plus. On “ZigZag” dans les “trails” et je m’amuse à essayer d’aller chercher les staffs!! Ça me change les idées et je me retrouve rapidement seul et en parfait contrôle sur ma course. J’accélère donc le rythme au maximum jusqu’au km 21 où les obstacles sont à ciel ouvert, dans un petit lac où je peux évaluer mon avance qui s’est grugée pas mal, soit plus de 3 minutes! Je vais finir ça en contrôle sans prendre de risques. Au Platinum Rig, à moins de 1 km, je m’ouvre une ampoule à la main en accrochant le filet et comme par réflexe, ma main lâche prise… 30 “burpees” me “scrapent” une course parfaite…
Je fais ma pénalité en 6e vitesse de peur que Jesse ou les autres remontent, pour finalement réussir le javelot. Fatigué, j’entends la musique et voilà la fin de cette série dans l’est où je suis revenu en force après 2 années loin de celle-ci!
J’aurai donc parcouru environ 83 km, 160 obstacles et 150 “burpees” en un peu plus de 9 heures en Spartan Races.
La suite…
Les Spartans sont finies, on passe aux autres : BattleFrog (Tri-States la fin de semaine prochaine avec Benjamin Morin Boucher et plusieurs autres top coureurs); les X-Man d’Orford les 23 et 24 août et de Québec le 27 septembre; les Championnats du monde Spartan au Vermont le 20 septembre et les Championnats du Monde de courses à Obstacles (OCR WC) en Ohio les 25 et 26 octobre! On fera aussi 2 Xtriathlons (Ultranza à Ste Adèle et Xterra au Lac Delage).
On ne chôme pas! Inscrivez-vous, salissez-vous, dépassez-vous et vous aurez du succès!
“C’est en dépassant ses propres limites qu’on réalise ce qui pour nous, était impossible”
Par: Marc-André Bédard
Révision et Correction: Éric Julien
Équipements: Fuel: Infinitnutrition.ca / pendant “custom” après : Repair Gels: recette maison (miel, sirop d’érable…) Souliers: Salomon Fellcross, Sense Ultra/Soft Ground Bas: Darn Tough Compression: C3fit perfomance Calf Sleeves Short compression: C3fit Impact Half Tights
Crédit Photo:Epic Action Imagery (entête + les autres), 3-seconds (photo no2) et Claude Godbout (photo no1, image du podium)