Trop rarement abordé dans le domaine de la course à pied et de l’entraînement, cet aspect est pourtant primordial. Probablement l’action que nous répéterons le plus souvent durant notre expérience humaine. Elle est si banale que nous l’exécutons chaque seconde, sans même y porter attention. Ce réflexe est si important. Malheureusement, notre civilisation l’utilise médiocrement. Si subtile, c’est à peine si on peut se permettre de croire qu’elle existe encore. Pourtant, elle émet un bruit si doux pour l’oreille lorsqu’on l’écoute attentivement. La mélodie qui en découle prend pratiquement la forme de tous les sons quand on lui accorde l’attention qu’elle mérite. Nous pouvons vivre environ quatre semaines sans manger, trois à sept jours sans boire, mais il est impossible d’arrêter de souffler plus de vingt minutes.
Notre sujet, la respiration. L’hydratation, l’alimentation, la foulée, l’entraînement parfait et de multiples domaines sont maintes et maintes fois décortiqués dans les livres. Tout ça avec raison. Cependant, avant même d’apprendre ces aspects nous aurions avantage à nous attarder à cet acte primaire. Autant le débutant en quête de savoir que l’athlète accompli ont le pouvoir d’améliorer ce petit détail. L’acte symbolique d’absorber l’oxygène présent dans cette masse d’air invisible à l’œil nu qui interrelie l’ensemble des êtres vivants. Elle permet à notre corps de créer un enchaînement de réactions chimiques sans quoi ce que nous ingurgitons deviendrait complètement inutile. Les nutriments ne pouvant être absorbés, le tissu musculaire qui nous propulse fièrement dans la bouette ne serait rien. Ils nous serait impossible de profiter de notre énorme poumon commun pour nos entraînements du dimanche, la forêt. Les montagnes que nous gravissons avec tant de vigueur lors des compétitions et le bonheur d’atteindre le sommet avec comme récompense les panoramas splendides, seraient relégués aux oubliettes.
Une des particularités des courses à obstacles comparativement aux courses traditionnelles est justement ce point. Sur le plat, il est plus évident de conserver un rythme régulier puisque le trajet vers la destination finale est prédéfini et les obstacles y sont absents. C’est comme si on vous disait l’ensemble du déroulement de votre vie. Or, la capacité à reprendre son souffle face à un obstacle prend tout son sens. Arrivant sur place en anaérobie, l’épreuve nous déstabilise encore plus. Comme le rythme de vie des sociétés industrialisées, notre respiration est bousculée et malmenée. Trop rapide, saccadée et désorganisée, elle subit au lieu de s’épanouir. C’est à ce moment précis qu’il faut savoir focaliser, reprendre le contrôle avec de grandes inspirations, suivies de douces expirations. Il faut vivre le moment présent et entrer en harmonie complète avec le corps que nous habitons. Ressentir sa chaleur réconfortante, son cœur qui bat son sang couler à l’intérieur de ses veines et ses poumons se gonfler au maximum. Apprécier la motricité des muscles qui supportent la structure osseuse et éprouver tout simplement le plaisir fantastique de vivre. Dès que nous en prennons conscience, nous sommes automatiquement transportés dans un monde exaltant, nous permettant de nous surpasser et d’accomplir de grandes choses.
Les bienfaits d’une bonne respiration sont infinis et s’appliquer sur cet aspect plusieurs fois dans une journée ne peut être que bénéfique. Le cerveau se programme et ça devient un automatisme. Les neurones sont mieux oxygénées alors le corps est moins fatigué ce qui permet d’être plus allumé et ainsi de prendre de meilleures décisions. Cette bonne habitude se reflète sur l’ensemble du quotidien. La technique suivante pourra certainement vous aider lors de vos sorties en course à pied. Laissez votre bouche légèrement ouverte. Lors de l’inspiration, appuyez votre langue au palais pour vous assurer d’aspirer la totalité de l’air par le nez. Lors de l’expiration, abaissez simplement la langue pour laisser évacuer l’air par la bouche doucement. La méditation et le yoga s’avèrent de très bons compléments à l’entraînement. En plus de mettre l’accent sur la respiration, ils offrent le bénéfice d’améliorer la souplesse permettant ainsi d’être plus agile pour franchir certains obstacles.
Petite anecdote pour terminer. Cet été, lors d’un 10km à plein régime dans mon village natal, un chien s’est mis à mes trousses. Ces crocs sont passés à un poil de mon mollet. Par chance, il n’était pas très en forme, il a donc abandonné sa chasse. Effrayé, ma fréquence cardiaque s’est affolée. À ce moment, j’étais rendu à fond de train au 7e kilomètre et je m’apprêtais à gravir une montagne. J’ai repris le focus grâce à une respiration contrôlée. Cela m’a permis de vivre pleinement le moment présent et j’ai finalement terminé ce parcours avec mon meilleur temps. La tentation d’arrêter était énorme, mais comme lorsqu’il nous arrive un pépin dans la vie, il faut continuer d’avancer et être déterminé.
Sur ce, on prend un grand respire et Aroo!!!
par Kevin Lavois www.facebook.com/Kevinlavoiecourse