Le 3 mai 2017 dernier, j’ai célébré l’anniversaire de 1 an de mon tout nouveau ligament croisé du genou gauche. Wow, c’est palpitant hein ? Pas tellement je vous dirais. Je viens de compléter mon BAC en administration totalement à distance, après des années de compétitions partout dans le monde et ça, disons que c’est plus festif comme moment !
Ceci étant dit, il s’en est passé des choses pendant sa première année de vie. Je suis de nature positive mais j’ai eu beau essayer de tourner ça de tous les côtés ou encore de me dire le genre de phrases que nos grands-parents nous diraient dans de telles situations « il n’arrive rien pour rien »… Non, rien de ça n’a rendu mon expérience de blessée positive ! J’écris ça et je suis mal à l’aise… mal à l’aise de publier en mon propre nom des propos négatifs car je m’étais toujours promis de demeurer positive dans la vie et sur les médias sociaux car, on va se le dire, on se fait projeter du négatif à la pelletée quotidiennement donc aucunement besoin d’en rajouter une couche. Mais détrompez-vous, mon histoire débute de façon négative mais elle finit bien, comme tous les films de Walt Disney : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup (lire pas) d’enfants ».
J’ai toujours très bien accepté ma blessure et ce, dès le début. Au départ, tu comptes de façon TRÈS assidue les jours que tu complètes avec ton nouveau ligament, tu compares tes progrès avec des barèmes et témoignages tout en tentant de conserver ton rythme d’athlète du mieux que tu peux afin de minimiser tes pertes physiologiques. Avec une jambe grosse comme un cure-pipe, je devais reprendre de la force musculaire le plus rapidement possible donc je suis devenue un rat de gym. Et oui, 3 à 4 fois par semaine, Claude, celle qui déteste les gyms, s’y rendait à vélo pour compléter ses exercices plates. Sa motivation ? La saison 2017 !
Tout était sous contrôle jusqu’à ce que je développe, lors de mon retour à la course à pied, de multiples tendinites malgré le fait que je suivais un plan d’entraînement visant la prévention de blessures. C’est à partir de ce moment que les choses se sont corsées chez moi autant psychologiquement que physiologiquement. Je me sentais impuissante comme dans un cauchemar où, tout à coup, tu es dans l’impossibilité de faire un geste simple comme t’enfuir. Mon genou était assez fort pour reprendre la course mais le reste de mon corps ne coopérait pas. Poche ! Je perdais le contrôle de mon corps et de temps précieux d’entraînement pour revenir en force en 2017. Vous voyez, ma motivation à me rendre au gym m’a en fait joué un tour : lentement mais sûrement, ces heures passées au gym à me répéter « 2017 » ont fait en sorte d’amplifier mon désir de compétitionner à tout prix cette année.
Puis lentement, j’ai lâché prise car j’ai réalisé que tout ce qui m’arrivait était hors de mon contrôle et que dans la vie, « il n’arrive rien pour rien » (merci grands-parents). Mon corps réagit fortement à tous les changements auxquels il est confronté et je n’ai aucun autre choix que de l’écouter. Oui j’aimerais bien revenir en force cette année mais je réalise tranquillement que cette motivation en cache une autre beaucoup plus forte : revenir, en force ou pas, ÉVENTUELLEMENT ! Peu importe le quand et le comment, le court terme dans ma vie d’athlète s’effrite graduellement pour une vision à long terme. Mon corps m’a transporté dans des endroits inimaginables jusqu’à maintenant et je compte sur lui pour continuer de le faire dans le futur.
« Je ne serai jamais l’athlète que j’étais avant ma blessure » est une phrase qui me suit quotidiennement. Elle peut sembler négative pour certains mais en fait, elle est tellement pleine de sens. Pourquoi se limiter et se comparer à nos versions anciennes ? Voilà une excellente opportunité pour moi de recommencer ma carrière d’athlète du début… un peu comme le bouton “reset” sur une montre !
Je mentirais de dire que je ne ressens aucune émotion de tristesse et de frustration lorsque je pense à mes succès athlétiques antérieurs mais en fait, lentement mais surement, je réalise que, bien que j’en ai perdu beaucoup, la dernière année m’a permise d’ajouter une corde à mon arc, celle de la gratitude. La gratitude d’avoir parcourus autant, la gratitude d’avoir un corps en santé, la gratitude de réaliser des projets qui me passionnent mais surtout, la gratitude d’être aussi vivante.
À l’instar d’un conte de Walt-Disney, le mot de la fin du film de la blessure de Claude ressemblerait un peu plus à ceci :
« Elle vécue heureuse et pu apprécier davantage les expériences qui la passionnent ».
The end
Claude Godbout