Claude et moi.. on est encore à avaler notre pilule et accepter qu’on ne sera pas du départ Olympique de demain. On tenait à vous rassurer, à se rassurer?!? et surtout à mettre au clair quelques petites choses…
La retraite?!?C’est quoi la retraite? Dans nos oreilles ça sonne comme une fin en soi, comme quoi on a atteint la limite de nos capacités et qu’on ne continuera pas dans un certain domaine. Ce ne sera pas notre cas. Du moins pas dans cette optique. Le mot est fort, surtout à la veille de nos 28 ans!!! Le sport n’est pas vraiment une carrière même si on le voit souvent comme ça. Pour certains, c’est vrai, ils en ont “marre” et veulent changer de vie, vivre une vie “normale”. Ce n’est pas notre cas! Il y a plusieurs niveaux où l’on peut se dédier entièrement envers une passion et on compte bien profiter du fait qu’on s’est nourris du même rêve pendant déjà un méchant bout. Ce qu’on prévoit faire dans cinq ans? Ce n’est pas trop clair et présentement, on pense à nos options à court terme. Cet hiver (parce qu’on n’est qu’en février) la saison n’est pas finie et on a encore beaucoup de compétitions et de déplacements à faire et plusieurs dépenses et dettes à rencontrer.
L’an prochain…Comme on l’a expliqué, on va d’abord terminer notre saison, retomber sur nos pattes, laisser la poussière retomber et évaluer nos options pour l’avenir. On sait que l’année post Olympique est toujours critique, autant les athlètes qui y prennent part ont des portes qui s’ouvrent partout. Je l’ai vécu post Vancouver. Pour tous les autres… les commanditaires sont difficiles à trouver, le cycle est encore jeune et on doit prendre des décisions à plus long terme, ce qui n’est pas évident dans un sport “self funded”…Une chose est claire, on peut se permettre plus de ‘’lousse’’ dans nos techniques d’entrainement, on va se faire plaisir et prendre un peu de recul sur notre approche “normale” de biathlon et se payer quelques aventures qui nous trottent dans la tête et qu’on se retient de faire depuis quelques années. Si la vie nous le permet.
Retour sur les derniers 10 mois de vie de moine…
Le meilleur de soi n’aura pas été suffisant…J’ai commencé à vivre un rêve il y a déjà 20 ans … Le “SPORT” dans toute sa splendeur m’apporte à tous les jours du plaisir, de la confiance en moi, des émotions fortes, des hauts… et des bas… Sochi est à nos portes YOUPIDOU!! …ah ouais… j’ai raté mon pari, j’ai pourtant tout donné mais le meilleur de moi-même n’y a pas fait cette fois. À Vancouver j’étais tout jeune et je n’avais pas trop idée de ce qui m’arrivait. J’étais sur un nuage, au dessus de l’ennemi, invincible, à l’abri de toute pression, reproches, objectifs.. je me lançais vers l’inconnu sans peur. Cette fois, je savais ce qui m’attendait. J’ai décidé de ne rien laisser au hasard, d’utiliser mon expérience, de découvrir mes faiblesses pour les transformer en forces. J’ai revisité complètement ma façon de skier, (contre l’idée qu’un vieux singe ne change pas), j’y suis parvenu, j’ai appris à mieux contrôler mes forces, dont celle qui est la plus risquée dans un sport de précision, la “sur-vitesse” au tir. J’ai appliqué ce contrôle nouvellement acquis dans toutes les facettes de mon approche vers les Jeux pour devenir le plus rapide au monde, j’ai mis de côté un certain équilibre que nous apportent les gâteries, les amis, le travail, la famille, la maison… pour m’investir en sachant que j’aurai tout fait pour réussir…sans aucuns regrets.
J’ai échoué…
J’ai échoué des dizaines.. voir des centaines de fois dans ma carrière. J’ai raté une balle de trop, une balle précieuse qui aurait fait la différence entre la victoire et la défaite des dizaines de fois, à tous les niveaux. J’ai échoué lors de relais importants qui ont toujours été ma force, des moments où mes coéquipiers comptaient sur moi. Ma carrière est remplie de petits et de gros échecs…
===================Et c’est en plein ce qui me rend heureux!!!=================
Les opportunités, le sport nous en apporte à tous les jours. Pour donner le meilleur de nous, on prend des risques. Qui dit risque, dit échec. Petit à petit, on apprend à gagner. Mais on apprend surtout à perdre et se relever pour aller un peu plus loin. Cette année, j’ai eu la chance, le privilège de faire partie des favoris pour la course vers Sochi. Tout me disait que mes chances étaient solides et j’en rêvais jour et nuit. J’ai utilisé mes énergies et mes économies pour nourrir ce rêve et je n’ai pas de regret parce que j’ai profité de toutes les petites victoires, les belles montagnes dans les Alpes, les couchés de soleil interminables en Scandinavie… la bonne bière allemande.. pas tant que ça quand même!!
Les petites victoires
J’ai plusieurs médailles en Championnats du monde junior. Je suis le premier homme à avoir remporté une épreuve internationale en tant que sénior dans mon sport. J’ai remporté des dizaines de titres de Champion Canadien et Nord-Américain, des prix d’athlète de l’année… Tout ça, j’en suis fier MAIS ce que je retiens vraiment de ces quelques passages positifs parmi tous les plus durs, ce n’est pas tant les prix mais les expériences de vie, le contact humain, la compétition saine, les nombreux amis que je m’y suis fait, les voyages irréels auxquels j’ai participé…
Non ce n’est pas fini, le meilleur est à venir. Profitez des Olympiques pour sortir un peu après avoir écouté une compétition. Moi je vais faire 50 “push-up/pull-up” chaque fois que mon pot JP (Leguellec) va manquer une cible. Vous, qu’allez vous faire???
Marco Bédard