En septembre 2016, j’ai pris part à mon premier ultramarathon : le 65 km du fameux UltraTrail Harricana du Canada (UTHC). Au terme de plusieurs mois d’entraînement, je me suis retrouvée à 7h le matin, le 10 septembre 2016, au départ de cette course. Pourquoi je m’y suis inscrite? Parce qu’en 2015, j’ai participé au Spartan UltraBeast de Sainte-Marie et je souhaitais essayer autre chose et faire davantage de kilomètres. J’avais donc besoin de nouveauté! Alors, question de me mettre au défi, en avril 2016, je me suis inscrite au 80 km de l’UTHC. J’ignorais absolument tout de comment bien s’entraîner pour réaliser un ultra. J’y suis allée à tâtons et je me suis trompée. J’ai dû modifier ma distance au courant de l’été pour le 65 km car je n’aurais jamais été prête pour le 80. C’est ce qui m’a inspiré cette série d’articles sur «Comment réussir son premier ultramarathon». Dans le premier volet, je vous présente les étapes allant du choix de la distance jusqu’à la journée de l’événement.
Tout d’abord, on se trouve un objectif, un défi qui va nous stimuler à s’entraîner tout au long de l’année. Comment bien choisir sa distance? Le volume de course antérieur devrait être déterminant dans le choix de la distance. Il n’est pas logique de penser pouvoir faire un 100 km avant d’avoir passé par 30, 45 ou 80 km avant. Je n’entends pas par là qu’il sera impossible de le faire, cependant, dans une perspective d’adaptation et de prévention des blessures, on ne passe pas de 25 à 100 km à l’intérieur d’un an. Il n’existe pas de données à propos de la progression logique à réaliser; tout dépend de la préparation, de l’expérience et de l’entraînement. Les épreuves de 50 km sont, en général, la première étape pour entrer dans le monde des ultras. Le temps que l’on a à investir doit aussi être pris en compte dans le choix de sa distance. Si tu as 8h par semaine à consacrer à ton entraînement, ne pense pas réussir un 160 km haut la main.
Une fois la distance déterminée, on peut choisir un événement. Plusieurs facteurs peuvent être pris en considération : l’offre de service, les valeurs, l’emplacement, les points de vue, le dénivelé, le coût, pour ne nommer que ceux-là. Le temps de l’année auquel a lieu la course est aussi déterminant. En raison de nos conditions climatiques, l’entraînement au Québec n’est pas toujours évident. Pour se donner une chance, viser les courses de fin de saison pour une première fois peut permettre de mieux gérer son entraînement.
Ensuite, bien entendu, vient l’entraînement. La planification, c’est la clé. Une planification annuelle permet une répartition appropriée de la charge d’entraînement et diminuera ainsi le risque de surentraînement et de blessure. Un suivi avec un entraîneur compétent est aussi de mise, à mon avis. Ça évite d’improviser et ça permet surtout de partir sur de solides bases. Le rôle du coach c’est d’encadrer son athlète, de l’écouter, de le conseiller et d’adapter l’entraînement aux impondérables. Parce qu’on va se le dire, même si j’adore courir, je dois quand même rentrer travailler le lundi matin et la vie est remplie d’imprévus. Un plan d’entraînement trouvé en ligne ne permet pas un tel suivi.
Quand on s’inscrit à un événement de longue distance, c’est presque comme un contrat de mariage (je blague, à peine…). On doit se commettre et s’engager. Ça a l’air gros, mais ça fait la différence entre l’échec et la réussite. Pour moi, l’échec ne se résume pas seulement au DNF (ne pas terminer la course). J’ai appris, à la dure, que de ne pas pouvoir pratiquer de sport pendant 2 mois après avoir traversé la ligne d’arrivée de mon 65km, ce n’était pas une réussite. Le succès, c’est oui compléter l’épreuve, mais c’est aussi la terminer en santé, sur ses deux jambes, en ne boitant pas trop (de préférence).
L’étape suivante : stick to the plan. C’est permis de sauter des entraînements parce que tu feel pas, parce que tu dois aller à l’urgence avec ton petit dernier ou parce que ton oncle est décédé… Tu comprends? Mais tu dois tenter de respecter ton plan, autant celui de course que celui des exercices accessoires. Parce que pour avoir du fun, la course, ce n’est pas tout. L’ajout d’un bon programme de musculation, de proprioception, de gainage ou encore de plyométrie ça fait aussi partie d’une formule gagnante.
Et en plus de tout ça (parce que oui, il y a autre chose), il y a : essayer de dormir, de bien manger, de conserver une santé mentale adéquate et d’avoir une vie professionnelle, personnelle et familiale décente. Ça aussi, ça a l’air gros, mais le plaisir et la satisfaction que l’on retire de cet accomplissement, c’est indescriptible. Je m’étais dit après la première fois que ce serait la dernière. Nous revoilà un an et demi plus tard et ça ne fait que commencer! 😉
La suite : la préparation physique : l’entraînement de course et l’entraînement accessoire.
par: Marie-Ève Pelland