Lors de ma toute première Spartan Race en juin 2013, je savais très bien que mon manque d’entraînement allait me coûter un tas de burpees en pénalité en arrivant aux 3 derniers obstacles. En effet, j’ai passé 10 bonnes minutes à compléter tant bien que mal mes 90 burpees. Pendant tout ce temps, certains des compétiteurs qui me suivaient, ont fait quelques burpees (beaucoup moins que les 30 requis par obstacle manqué ), se sont relevés puis ont continué la course. Sur le coup, ces gestes ne m’ont aucunement dérangé, car pour moi, compléter une Spartan Race relevait du défi et je considérais qu’ils ne trichaient qu’avec eux même.
Quelques jours plus tard, les résultats furent dévoilés : 2082e place, j’étais en milieu de peloton. Pas si mal pour un gars de mon âge pas trop entrainé. Par contre, pour la première fois, je me demandais à quelle position j’aurais bien pu terminer si tous les compétiteurs avaient respecté les règlements? 2072e? 2060e? Bah, dans le fond, ce n’était pas grave puisque ça ne changeait pas grand-chose à mon résultat.
L’été passa. Avec énormément d’entraînement, de sacrifices, 26 lb en moins et 3 courses à obstacles à mon actif, j’étais prêt pour un nouveau défi! Début septembre, je m’inscris dans une course à obstacles regroupant près de mille coureurs. Je prends le départ dans la vague performance ayant comme objectif de terminer dans les 300 premiers.
La course débute. Je suis en pleine forme et tout va bien. Je cours avec les premiers. À peine arrivé au 3e obstacle, je rencontre un style de coureur qui m’était jusqu’alors inconnu : le tricheur du dimanche. Il n’hésitera jamais à passer sous la barrière d’un l’obstacle pour éviter celui-ci. Conséquemment, il retrancha de précieuses minutes à son chrono. Par la suite, il laissa tomber la moitié d’un seau de sable trop lourd par terre et lors d’un embouteillage, il n’hésita pas à se faufiler vers la sortie d’un obstacle sans le compléter. Lors de ma course, j’ai même eu la chance de croiser l’ultra tricheur : le numéro 240 qui passa tout droit lors d’une épreuve de transport de poids, et ce, sous les yeux ébahis du responsable de l’obstacle! Tout un champion avec 3 bonnes minutes de gagnées.
Je vous avoue que je fulminais entre les obstacles, j’étais sur la piste donnant tout ce que j’avais pour performer et des tricheurs sans scrupule me dépassaient. Finalement, j’ai terminé 168e. Wow dans le 1er cinquième des participants! Mais qu’en aurait-il été si personne n’avait triché? À quelle place aurais-je terminé? 158e? 140e? C’est à ce moment que j’ai compris : ces fiers tricheurs du dimanche jettent de l’ombre sur notre sport, et ce, même si on court chacun pour soi et pour dépasser nos propres objectifs.
Un texte de Louis Charland
Révision et correction: Éric Julien